Emmanuel Roblès

Aidé, à ses débuts, par Albert Camus, dont il est rapidement devenu l’ami, Roblès a appartenu au groupe de jeunes écrivains en herbe qu’on allait bientôt désigner comme celui de « L’École d’Alger ».

Publié à ses débuts par l’éditeur et libraire Edmond Charlot, il a ensuite rejoint les éditions du Seuil. À la fois romancier, nouvelliste, dramaturge et journaliste, Roblès nous a légué une œuvre capitale et surtout, il a conservé les notes préparatoires, les ébauches et les premières versions de bon nombre de ses textes.

Le fonds Emmanuel Roblès dépasse donc largement le cadre de l’œuvre publié puisque la fille de l’écrivain, Jacqueline Roblès-Macek dispose de la totalité des carnets de notes, des manuscrits (ébauches et diverses versions), des tapuscrits, des épreuves corrigées et de la correspondance de son père. Le fonds comprend aussi des textes et des documents qui témoignent de l’engagement d’Emmanuel Roblès dans son époque et de son rôle dans l’émergence d’une littérature maghrébine. Ce fonds a été déposé à la BFM de Limoges en 2005.

Comme on s’en doute, avec la généralisation de l’ordinateur, pour les auteurs de la fin du XXème siècle et ceux du XXIème, nous disposerons de moins en moins de versions manuscrites de leurs textes. Le fonds Roblès en devient d’autant plus précieux : il fait partie du patrimoine manuscrit du XXème siècle.

1914 :

Le 4 mai, naissance d’Emmanuel Roblès à Oran, en Algérie, au sein d’une famille modeste. Son père, Manuel, était maçon ; il est mort du typhus quelques mois avant la naissance de son fils. L’origine du patronyme est castillane : Roblès signifie « le chêne rouvre ». L’écrivain signera d’ailleurs ses premiers articles Emmanuel Rouvre.

1928 :

Grâce à une « bourse d’étude et d’entretien », Emmanuel Roblès entre au collège Ardaillon à Oran.

1929 - 1931 :

Il voyage au Maroc où il a de la famille, et en Espagne, à la recherche de ses racines. Il souhaite devenir navigateur.

1931 - 1934 :

Il intègre l’École Normale d’Alger où il fait la connaissance de Mouloud Feraoun.

1934 :

Il voyage en Russie, en Pologne et en Allemagne où il assiste au plébiscite en faveur de Hitler. Nommé dans un petit village d’Oranie, il collabore à plusieurs journaux dont Oran républicain et suit de près les luttes ouvrières de l’époque.

1935 :

Voyage en Asie : Inde, Chine et Indochine

1937 :

Après avoir été sursitaire, il intègre l’armée et est affecté à la base de Blida, puis à Alger. C’est là qu’il rencontre Albert Camus, Max-Pol Fouchet, René-Jean Clot et Edmond Charlot qui publiera ses premières œuvres.

1938 :

Il collabore à l’Alger républicain sous divers pseudonymes (Pétrone, E. Chêne).
L’action, roman, Alger, Soubiron.

1939 :

Il épouse Paulette Puyade, rencontrée à la Faculté de Lettres d’Alger. Il se trouve au pays basque lorsque la Deuxième Guerre mondiale éclate.

1940 :

Démobilisé, il enseigne en Kabylie, puis à l’École Normale d’Alger.

1941 :

Épidémie de typhus à Tlemcen ; son épouse est atteinte.
La vallée du paradis, roman, Alger, Charlot.

1942 :

Libération de l’Afrique du Nord par les Alliés. Il est remobilisé à l’Etat-major de l’Air à Alger. Naissance de son fils, Paul.
La Marie des quatre vents, nouvelle, Alger, Charlot.
Travail d’homme, roman, Alger, Charlot.

1943 :

Travail d’homme obtient le Grand Prix littéraire de l’Algérie. Le Général Bouscat lui propose de devenir correspondant de guerre pour l’Armée de l’Air et son journal hebdomadaire Ailes de France. Il survivra à un premier accident d’avion et toute cette période lui inspirera divers livres : Le Vésuve, Un printemps d’Italie, La croisière, et des récits de Rives du fleuve bleu.

1944 :

Ailes de France devient Aviation française après la Libération, et Roblès est envoyé à Paris où il retrouve Camus. Second accident d’avion.
Nuits sur le monde, nouvelles, Alger, Charlot.

1945 :

Il accomplit plusieurs missions en Grande-Bretagne et en Allemagne où il reste jusqu’à la fin de la guerre. Départ pour l’Amérique du Sud en hydravion. Troisième accident : un moteur explose au-dessus de l’Uruguay. Travail d’homme obtient le Prix Populiste.

1946 :

Il est démobilisé et rentre à Alger où il collabore à Gavroche, Combat, Le Populaire et aux Nouvelles littéraires. Il dirige la revue Forge et collabore à Radio Algérie comme critique littéraire. Montserrat et Les hauteurs de la ville paraissent sous forme de feuilleton dans Le Populaire.
Collectif, Bombardiers de nuit, Paris, Albin Michel.

1947 :

Naissance de sa fille Jacqueline.

1948 :

Les hauteurs de la ville, roman, Alger, Charlot.
Montserrat, théâtre, Alger, Charlot.

Création à Alger et à Paris, au théâtre Montparnasse de sa pièce Montserrat pour laquelle il obtient le prix du Portique. Prix Fémina pour Les hauteurs de la ville.

1951 :

La mort en face, nouvelles, Paris, Seuil.

1952 :

Création de La vérité est morte à la Comédie française.
Cela s’appelle l’aurore, roman, Paris, Seuil.

1953 :

La vérité est morte, théâtre, Paris, Seuil.

1954 :

Séjour à New York puis à Mexico. Il collabore à Alger au journal Espoir d’Algérie qui préconise l’abolition du statut colonial. Tournage de l’adaptation par Luis Buñuel de Cela s’appelle l’aurore.

1955 :

Le grain de sable, nouvelle, Alger, Éditions de l’Empire.

1956 :

Les couteaux, roman, Paris, Seuil.

1957 :

Du soleil sur les mains, nouvelle, Paris, Seuil.

1958 :

Mort de son fils Paul. Il quitte Alger pour Paris.
L’horloge suivi de Porfirio, théâtre, Paris, Seuil.

1959 :

L’homme d’avril, nouvelles, Paris, Seuil.

1961 :

Jeunes saisons, Alger-Paris, Baconnier.
Le Vésuve, roman, Paris, Seuil.

1963 :

Il rend hommage à Mouloud Feraoun, assassiné l’année précédente. Pendant toutes ces années, et jusqu’à la fin de sa vie, il voyage un peu partout dans le monde : en URSS, en Afrique noire, en Algérie pour le tournage de L’étranger, aux Etats-Unis, au Canada, en Haïti …

1964 :

La remontée du fleuve, roman, Paris, Seuil.
Collectif, Camus, Hachette, « Génies et réalités ».
Collectif, Chants pour l’Espagne, Paris, Club des amis du livre progressiste.

1965 :

Plaidoyer pour un rebelle suivi de Mer libre, théâtre, Paris, Seuil.

1966 :

Scénario de L’étranger d’Albert Camus, réalisé par Luchino Visconti à Alger.

1968 :

La croisière, roman, Paris, Seuil.
Collectif, Visages de la Bulgarie, Paris, Seghers.

1970 :

Un printemps d’Italie, roman, Paris, Seuil.

Conférences à l’Université de Sherbrooke au Canada.

1972 :

L’ombre et la rive, nouvelles, Paris, Seuil.

1973 :

Élection à l’Académie Goncourt

1974 :

Décès de Paulette Roblès. Il continue de voyager énormément ; il enseigne un semestre au Canada, à l’Université de Sherbrooke. ils se rend partout en Europe, assiste à la création de Montserrat en Chine.
Saison violente, roman, Paris, Seuil.

1975 :

Capuche, conte, Paris, Laffont.
Les sirènes, roman, Paris, Seuil.
Venise en hiver, roman, Paris, Seuil.

De 1975 à 1982 :

Nombreux voyages et tournées de conférences.

1982 :

Guerre des Malouines ; Roblès est à Buenos Aires.
Collectif (préface), Les Pieds-noirs, Paris, Philippe Lebaud.
(Préface), Le rose del deserto, Anth. Di poesia magrebina, Bologne, Patron.

1988 :

Norma ou l’exil infini, roman, Paris, Seuil.

1994 :

Erica, nouvelle,Seuil.

1995 :

Le 22 février, il s’éteint. Son dernier ouvrage, Jeunes saisons, est une réédition qui paraitra en avril ainsi que Camus, frère de soleil.